Sharpstone

Raidium : un modèle de fondation pour la radiologie et la médecine de précision

Paul Hérent

Co-fondateur – CEO Raidium

Pierre Manceron

Co-fondateur – CTO Raidium

Julien Douxami

Manager – SHARPSTONE

Germain Gaschet

Germain Gaschet

Co-fondateur – SHARPSTONE

MedTech

Modèle de fondation, Radiologie

2022

15-20

Raidium développe un modèle de fondation multimodal pour la radiologie, facilitant la découverte et la valorisation de nouveaux biomarqueurs, nécessaires à la démocratisation de la médecine de précision. Ce modèle est intégré à une plateforme (PACS viewer) AI Native, à destination des radiologues,  d’abord dans le cadre d’études cliniques. 

Paul, CEO et radiologue de formation, et Pierre, CTO et ingénieur de Centrale Paris, se sont rencontrés chez Owkin. Convaincus que l’IA révolutionnera la médecine de précision, ils étudient les acteurs et technologies du secteur et s’aperçoivent que les dispositifs médicaux basés sur l’IA ne sont pas exploités par les médecins puisque non intégrés à leur workflow. C’est face à ce constat et avec une volonté profonde de révolutionner la radiologie qu’ils créent Raidium. 

Rencontrés avant même la création de l’entreprise, Paul et Pierre ont bénéficié des conseils de Germain et Julien sur la structuration initiale de l’entreprise et sur l’obtention des premiers financements. Sharpstone Capital a ensuite participé à leur première levée de fonds en juin 2023.  

Paul Hérent est le co-fondateur et CEO de Raidium, accompagné par Sharpstone avant même l’immatriculation de l’entreprise. Radiologue de formation, sa motivation est de casser la distance entre la recherche en IA appliquée à la médecine et l’usage quotidien des radiologues. 

Pierre Manceron est le co-fondateur et CTO de Raidium. Ingénieur de Centrale Paris et diplômé du MVA de l’ENS, son expertise dans le développement de modèles de fondation et son expérience dans le domaine médical chez Owkin sont essentiels au succès de la recherche portée par Raidium.  

Julien est manager chez Sharpstone qui a développé une approche innovante en combinant une offre de conseil (financement de l’innovation) et d’investissement (seed VC pour les startups Tech). Il accompagne Raidium depuis sa création sur les sujets de financement.

Germain a grandi avec l’écosystème français. Diplômé de CentraleSupélec et de HEC, il a opéré dans des entreprises de maturité différentes. Aujourd’hui entrepreneur reconnu, il accompagne plus de 400 startups françaises dans leur stratégie financière via Sharpstone, conseil en financement de l’innovation et investisseur en Seed.

Raidium en quelques mots

Paul (Raidium) :  Nous sommes deux co-fondateurs, un radiologue et un ingénieur en mathématiques appliquées, rencontrés chez Owkin.

Raidium facilite le développement de nouveaux biomarqueurs d’imagerie, grâce à des modèles de fondation entraînés sur des données radiologiques. Ces nouvelles méthodes de  Deep Learning présentent des résultats prometteurs sur d’autres cas d’usage (modèles généralistes GPT-4, DALL-E…), grâce à leur capacité d’adaptation à de nouvelles tâches.

Ce nouveau paradigme répond au problème d’exhaustivité des modèles d’IA existants, limités à des pathologies communes, et qui ne peuvent être généralisés à de nouveaux biomarqueurs sans entraînement spécifique nécessitant de nombreuses données à labelliser.

Comment est né le projet ?

Paul L’IA révolutionne tous les secteurs, mais en particulier la médecine, où le développement de cette technologie est plus précoce. Dans le même temps, paradoxalement, son adoption reste limitée, ce qui s’explique par les outils vieillissants des hôpitaux, qui sont inadaptés à l’intégration de cette nouvelle technologie.

En tant que radiologue, je ressentais une frustration par rapport aux outils qui étaient à ma disposition et qu’il fallait réinventer. Il y a aussi de nouveaux besoins dans la médecine de précision qui met le métier de radiologue en tension : la formation d’un radiologue est particulièrement chronophage mais le besoin d’expertise augmente très rapidement. 

Nous avons fait tomber des barrières mentales sur l'accès à la donnée.
Paul Hérent
Raidium

Quels sont les verrous technologiques auxquels vous avez été confrontés et comment cela s'est-il traduit dans le développement ?

Paul : Il y a le problème de la taille de la data et des modèles que nous avons résolu avec un partenariat stratégique dès notre création : le Centre d’imagerie du Nord. Il nous permet d’avoir accès à de nombreuses données issues d’une importante cohorte pour entraîner le modèle. Ce dernier est lui-même le deuxième verrou. Il faut une équipe d’ingénieurs habitués à travailler avec des supercalculateurs pour industrialiser la façon de l’entraîner. Il y a également la complexité liée au caractère multimodal des données, soit plusieurs types et sous-types d’imageries 3D (scanner, IRM, injection de produit de contraste, mise en avant de tel tissu, etc.). Cela nécessite une expertise médicale combinée à celle de l’ingénierie pour pouvoir adresser le problème de façon pertinente.

Julien : Quand nous avions rédigé le JEI ensemble, malgré le partenariat avec le Centre d’imagerie du Nord, l’expert scientifique, mandaté pour le dossier, ne croyait pas en la dimension R&D du projet : le tout reposait sur l’accès à la donnée. Bien que Radium soit l’archétype d’une entreprise deep-tech, l’interprétation humaine peut bloquer certains dispositifs.

Paul : Il y a des barrières mentales que nous avons fait tomber sur l’accès à la donnée notamment. Depuis 10 ans, le dogme de l’IA est d’entraîner un modèle à réaliser une action en prenant 1 000  ou 10 000 exemples. Il était donc difficile de faire comprendre que nous pouvions tout faire et avoir un milliard de données. La révolution ChatGPT a transformé le scepticisme en enthousiasme chez certains. Nous ne sommes plus les seuls à vouloir faire ça, mais nous sommes en avance sur la compétition. Notre deuxième levée de fonds permettra d’ailleurs d’accélérer et de rester légitimement aussi compétitifs que les Etats-Unis et la Chine. 

Il y a un gars, tu lui racontes ce que tu fais, ensuite il écrit un dossier pour toi et tu as l'argent qui vient.
Pierre Manceron
Raidium

Comment avez-vous rencontré Sharpstone ?

Pierre : Nous travaillons ensemble depuis 3 ans, avant même la création de Raidium. Nous avions conscience que le montage d’appel à projet était un travail particulièrement chronophage et complexe, notamment sur la partie financière. Les financements non dilutifs sont substantiels avant de faire une levée de fonds ou d’acquérir des clients. J’ai contacté Joseph-Marie Valleix, co-fondateur de Manty, qui m’a recommandé Sharpstone. Il m’a dit textuellement : “Il y a un gars, tu lui racontes ce que tu fais, ensuite il écrit un dossier pour toi et tu as l’argent qui vient.” C’est ainsi que nous avons rencontré Germain.

Germain : En tant que mentor, j’ai rencontré Mathieu Nohet, l’associé de Joseph-Marie, au Réseau Entreprendre. Nous venions tous les deux de CentraleSupélec. Par la suite, nous avons accompagné Manty puis nous avons investi dans leur projet via Sharpstone Capital.

Paul : Nous connaissions globalement les dispositifs mais cela restait obscur même pour les premiers financements. Cela demande plusieurs échanges avec l’administration. C’était naturel pour nous de se faire accompagner, la question ne s’est pas posée. 

Le mindset entrepreneurial de Sharpstone était important pour moi. Je ne viens pas de ce monde, je viens surtout de celui de l’hôpital malgré un parcours en startups. Cela nous a permis de poser les bases au-delà du financement comme construire la roadmap business et mettre sur le papier un projet pour les subventions puis les levées de fonds. C’est structurant.

Peux-tu nous dire quelques mots sur l'accompagnement de Sharpstone ?

Paul : C’est toujours plus naturel de pouvoir échanger entre ingénieurs, en termes de culture et d’approches. Nous apprécions aussi l’esprit plus startup et entrepreneurial de Sharpstone. Au début, nous avions surtout des attentes pour les financements type BFTE et les appels à projet. Les 90k€ notamment nous ont permis d’acheter des machines, de financer les premiers projets et de réaliser les premières embauches.

Pierre : Nous établissons ensemble une roadmap qui nous permet de connaître les deadlines et d’assurer un suivi. Nous avons un seul interlocuteur pour l’ensemble des appels à projet ce qui permet d’éviter les redites, d’assurer une continuité dans les projets entre eux et de bien les combiner. En effet, il a une ingénierie à maîtriser car certains projets ne sont pas superposables et doivent être séquentiels. Cela permet de structurer et d’être en phase avec notre roadmap de développement. C’est aussi rassurant d’avoir un soutien sur les sujets fiscaux et les échanges avec l’administration, par exemple sur le JEI. 

Julien : En effet, on pouvait sentir le scepticisme de l’inspecteur sur la faisabilité du programme de recherche très ambitieux de Raidium. Il a alors fallu rédiger des réponses complémentaires pour convaincre et valider l’éligibilité à ce dispositif. 

Un bon exemple sur la notion de roadmap est le i-Lab pour lequel nous avons postulé une première fois avec une vision très macroscopique de ce que vous vouliez accomplir sur le très long terme. Nous nous sommes aperçus que cela ne correspondait pas aux attentes. Nous avons rétréci la roadmap ensemble avec des objectifs plus court terme, plus impactants pour i-Lab. Cela a été bénéfique puisque nous avons finalement gagné i-Lab en tant que Grand Prix. Parallèlement, il était plus simple de nous concentrer sur la roadmap et les objectifs puisque nous avions déjà pris du temps ensemble pour comprendre votre technologie lors du concours Innov’Up Leader PIA.

Ces financements permettent des développements supplémentaires qui étendent notre roadmap techno.
Pierre Manceron
Raidium

Que pensez-vous de la construction des dossiers et l'articulation des différents dispositifs de financements (EIC, i-Lab, Innov'Up Leader PIA...)

Paul : Nous étions en phase de R&D pour l’i-Lab et l’Innov’Up Leader PIA. Il est plus applicatif, ce qui est lié à la maturité technologique. C’est davantage une dimension appliquée en médecine, en terrain réel avec un centre d’imagerie. 

Pierre : Cela nous permet aussi de faire des développements supplémentaires que nous ne ferions pas sans ces financements, outre i-Lab ou Innov’Up Leader PIA. Nous avons pu étendre notre roadmap technologique.

Julien : Bien orchestrer tous ces financements nécessite une bonne compréhension des enjeux de Raidium, tant sur le plan technique que financier. En particulier, le bon agencement des budgets déjà financés avec la candidature au programme EIC a nécessité quelques allers-retours avec ZAZ Ventures, le cabinet expert des financements européens. Bien que ces financements ne font pas partie de notre expertise, les mêmes règles s’appliquent et nous avons échangé en direct avec ZAZ pour expliquer comment nous avions répondu à i-Lab, comment nous avions construit le business plan et s’assurer qu’il n’y ait pas de chevauchement des programmes.

Pierre : La candidature à l’EIC est très rapide et intense, nous avons été monopolisés sur ce dossier pendant 3 mois. Je pense que ZAZ apprécie aussi de travailler avec Sharpstone car ils sont obligés de répondre à des délais très courts, ce qui a été facilité par la collaboration avec Julien sur le BP et l’historique des programmes.

Ces financements sont essentiels parce qu’ils sont très complémentaires à la levée de fonds. Ils viennent compléter les périodes de creux car cela n’est pas possible de chercher des investisseurs constamment. Par ailleurs, c’est prestigieux de gagner des concours comme i-Lab ou plus récemment l’appel à projet de l’EIC. Cela permet d’avoir une belle communication autour du projet.

Sharpstone a investi dans Raidium, qu’est-ce que cela vous apporte d’avoir à la fois la dimension conseil et investissement ?

Paul : C’est complémentaire. C’est une preuve de votre confiance et à quel point l’accompagnement n’est pas factice. Cela aide, quand une entreprise vient de se créer, d’avoir des personnes qui proposent de financer le projet dès le début et qui croient en la solution.

Germain : Nous n’investissons pas sur un pitch mais sur une équipe. Avec notre accompagnement, nous voyons ce que peut apporter la technologie et les preuves de traction. La trajectoire de l’entreprise en amorçage est incertaine mais ce qui compte c’est la qualité de l’équipe avec laquelle nous interagissons.

Germain, Julien, pourquoi avoir choisi d'investir chez Raidium ?

Germain : Notre première prise de contact date d’octobre 21 alors que la société n’était pas encore créée suite à leur départ d’Owkin. Je leur partage ma connaissance du financement des startups et eux me font découvrir les LLM. Notre participation à leur pre-seed en juin 2023 fut une évidence, Paul et Pierre ayant su constituer une équipe exceptionnelle, lancé l’entraînement du premier modèle de fondation sur scanners et IRM, et prototypé une interface utilisateur innovante pour les radiologues.

Julien : Déjà, la promesse du produit : révolutionner la radiologie ce n’est pas rien. Le produit final peut devenir un réel game changer pour les radiologues et les patients. Pour tenir une telle promesse, l’équipe fondatrice doit être exceptionnelle. En les accompagnant dès les premières étapes de leur aventure, j’ai rapidement été convaincu par leur capacité à développer un tel projet. Au-delà des compétences techniques et de la complémentarité des fondateurs, ils se sont entourés d’advisors et d’une équipe de très haut niveau, ce qui s’est traduit par de très beaux succès et une reconnaissance de l’écosystème deep-tech. 

Article rédigé par Charlotte Adam–Allais

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