Sharpstone

De Sharpstone à Kamea Labs : itinéraire entrepreneurial et blockchain

André Dibé

André Dibé

Co-fondateur – Kamea Labs

Thibaut Lebègue

Thibaut Lebègue

Senior Manager – SHARPSTONE

FinTech

Blockchain

2022

10

André Dibé, ingénieur de formation, partage son parcours, de son arrivée en France en 2012 à la création de Kamea Labs, une startup révolutionnant l’investissement via la blockchain. 

Suite à son expérience chez Sharpstone, il cofonde Kamea Labs, offrant une alternative accessible aux fonds traditionnels. Aujourd’hui, la startup facilite les levées de fonds pour startups avec une vision ambitieuse : démocratiser l’épargne augmentée.

Peux-tu nous raconter ton parcours chez Sharpstone ?

André : Je suis né et j’ai grandi au Liban, et je suis arrivé en France en 2012. J’ai fait une classe préparatoire puis une école d’ingénieurs. Dès le début de ma carrière, je savais que je voulais évoluer dans l’écosystème des startups. J’ai choisi d’intégrer Sharpstone pour élargir mes compétences dans différents domaines et être en contact direct avec des CEO et CTO. J’ai débuté en tant que stagiaire, puis freelance à ma demande, pour finalement passer en CDI. J’ai eu ensuite l’opportunité de devenir investisseur via Sharpstone Capital. Lancer ce fonds n’a pas été simple. Les associés voulaient donner l’opportunité aux salariés d’investir dans les clients de Sharpstone Advisory. La structuration juridique, bien que la direction et les collaborateurs aient été partants, a pris plus d’un an en raison de sa complexité. Ce fut d’ailleurs l’un des points de départ de Kamea Labs.

Qu'est-ce que cela t'a apporté de travailler chez Sharpstone ?

André : Sharpstone a été un véritable tremplin pour moi. En passant du temps avec les dirigeants de mes startups clientes, j’ai appris à comprendre la dynamique d’une startup, les erreurs fréquentes, et les clés d’une bonne relation entre fondateurs, comme l’importance de partager l’information. C’est aussi chez Sharpstone que j’ai commencé à m’intéresser à la blockchain, en travaillant avec des clients spécialisés comme BC Diploma, Synaps ou encore Droon. Petit à petit, je suis devenu l’expert blockchain de l’équipe.

Thibaut : Effectivement tu as pu construire une expertise en travaillant sur une quinzaine de dossiers en 2 ans et donc comprendre les enjeux de cette technologie ainsi que les applications possibles. Au-delà de ces compétences techniques, tu as également pu en développer certaines commerciales car tu as aussi été un des premiers consultants de l’équipe à vouloir signer des contrats.

André : Oui, cette expérience m’a permis d’acquérir certaines compétences essentielles pour la création d’une entreprise : financement, gestion, recrutement et vente. Sharpstone m’a aussi permis de développer mon premier réseau d’entrepreneurs, d’investisseurs, de business angels, et de clients. Cela m’a offert une crédibilité précieuse quand j’ai décidé de lancer ma propre startup.

Thibaut : Notre métier, et particulièrement chez Sharpstone, nous permet d’être quotidiennement en interaction avec des fondateurs de startups. Les consultants sont également responsabilisés pour gérer leur activité comme des “micro-entrepreneurs” car tout le monde a un impact direct sur la réussite de l’entreprise. C’est le modèle mis en place par les associés qui sont constamment avec les équipes et partagent leur expérience ainsi que leur savoir-faire. Qu’est-ce que ce modèle t’a apporté?

André : Absolument. Les associés eux-mêmes sont des entrepreneurs expérimentés, et ils m’ont transmis un équilibre précieux entre pragmatisme et émotionnel. Alain et Germain m’ont notamment donné des conseils inestimables sur des compétences managériales et stratégiques. Aujourd’hui, des mentors comme ceux de 50Partners m’apportent également des soft skills cruciaux, car ils ont déjà fait face aux mêmes défis.

Comment est née Kamea Labs ?

André : J’arrivais à investir des petits tickets dans la finance décentralisée via la blockchain alors que dans les fonds plus traditionnels, le ticket d’entrée était entre 20 000 et 50 000 €. La solution était là. J’ai rencontré mes cofondateurs dans l’écosystème, notamment un associé via un client de Sharpstone. Nous nous sommes attaqués à la problématique de l’accès à l’investissement via la blockchain, et nous nous sommes d’abord dits que nous devions créer un fonds. Nous avons lu dans un premier temps les lois pour structurer la bonne structure de fonds d’investissement.

Nous avons alors découvert que dans toutes les réglementations financières, ce qui est principalement régulé dans le problème que nous cherchions à résoudre, ce n’est pas l’opération d’investissement, ni l’émetteur, ni l’investisseur, mais le dépositaire central de l’opération. Nous avons eu l’idée de remplacer ce dernier par la blockchain. Il y a ainsi autant de dépositaires que d’investisseurs, chacun ayant un compte unique et personnel sur la blockchain qui s’appelle un wallet. Il va être possible d’investir depuis celui-ci. Notre spécialité est donc de créer des algorithmes qui permettent d’organiser ces flux pour recréer sur la blockchain les dynamiques d’investissement qui existent réellement aujourd’hui.

Par exemple, 1000 personnes ont chacun leur compte individuel sur la blockchain avec une somme qu’ils souhaitent investir. Nous créons des protocoles qui permettent au gestionnaire de contrôler tous les wallets en même temps, comme si cela était une seule poche, à la manière d’un fonds. Mais sous le capot, dès qu’il investit 1 million, cela va envoyer 1000 fois 1000€ en parallèle vers la cible d’investissement. Avec cette simple nuance, nous sortons de la réglementation financière et nous rentrons dans le crowdfunding qui est beaucoup plus facile à gérer.

J’aime bien dire que cela ressemble à une banque d’affaires, dans le sens où les investisseurs vont là-bas pour investir et le banquier leur propose un panel d’opportunités. La différence étant que lorsque les investisseurs passent par notre solution, leur ticket d’entrée n’est pas réservé aux plus riches mais accessible dès 100€. L’investissement pourra être des startups qui lèvent des fonds, un immeuble à financer, la création d’un film, d’un album, ou encore l’achat d’une œuvre d’art par un musée. Aujourd’hui, on se concentre surtout sur les startups et les cryptoactifs.

A ce jour, il y a 3 startups qui ont clos leur levée via notre plateforme, 7 sont en cours et 5 sont prévues d’ici la fin de l’année.

Thibaut : Et où en êtes-vous en termes de développement ?

André : Après une première version de notre application web réussie, nous développons une version plus étendue avec des fonctionnalités pour la création et la gestion de levée de fonds. Nous prévoyons de sortir une application mobile courant 2025, que les investisseurs pourront utiliser pour participer aux différentes opportunités d’investissement.

Avec du recul, y a-t-il des éléments que vous auriez fait autrement ?

André : Être entrepreneur, c’est surmonter les obstacles. Quel que soit le chemin choisi, il y aura toujours des défis. Tu empruntes une route qui par définition n’a jamais été explorée. On n’est jamais totalement préparé à cela.

Thibaut : Donc ton conseil à un entrepreneur serait de bien se préparer en amont ?

André : Au-delà de bien se préparer, ce serait de lancer sa startup au bon moment. Il y a beaucoup de démarches que tu peux réaliser avant de la créer officiellement, quitte à attendre le jour où tu dois lever ou facturer.

Sharpstone a été un véritable tremplin pour moi.
André Dibé
Kamea Labs

Pourquoi avoir choisi de développer ta startup en France ?

André : Dans le secteur où j’évolue, il y a une raison qui est vraiment importante et qui n’a été un avantage dans quasiment aucun autre domaine actuellement, c’est la régulation. En France, dès 2018, des acteurs ont posé des cadres de loi sur les cryptos, alors que jusqu’à aujourd’hui, il n’y en a pas aux États-Unis, même si cela devrait évoluer en 2025. La France a créé un cadre réglementaire clair. Certes strict, mais clair, ce qui nous offre une sécurité juridique importante.

L’Europe s’est inspirée de la France pour faire son propre modèle. Historiquement, quand l’Europe met en place des réglementations, le reste du monde suit car il est essentiel de travailler avec les banques, les fonds et marchés européens. C’est ce qui se passe actuellement dans le marché de la cryptomonnaie : Dubaï, la Thaïlande, Singapour, il y a quelques mois, ont présenté leur cadre réglementaire, majoritairement basé sur celui européen. La Suisse et la FCA en Angleterre sont en train de le faire. Nous aurons donc un avantage précieux sur n’importe quel nouveau concurrent étranger car nous maîtrisons la régulation qui sera mondiale.

Tu as monté toi-même des dossiers de financement. Pourquoi avoir choisi d'être accompagné ?

André : C’est un compromis entre le coût financier et au-delà du temps gagné, je dirai la tranquillité d’esprit. J’avais besoin d’un allié. D’autant plus que les critères d’éligibilité changent chaque année et je n’ai pas le temps de faire cette veille.

Thibaut : Kamea Labs est également devenu une participation de Sharpstone Capital. Peux-tu nous en dire plus ?

André : Ce n’était pas gagné, c’est le même exercice qu’avec n’importe quel autre investisseur. Les fondateurs de Sharpstone étaient sceptiques au début mais ils ont finalement vu la valeur de notre solution, qui répond à un vrai besoin. Ils ont aussi misé sur l’équipe. S’ils n’avaient pas été convaincus, ils n’auraient pas investi.

J'avais besoin d'un allié.
André Dibé
Kamea Labs

Est-ce que tu vois déjà l’impact des financements sur ton développement ?

André : Grâce au statut JEI, nous économisons 15 000 € par mois car à la fin du mois, nous serons plus de 10 collaborateurs en CDI, principalement des profils R&D.

Quelle est ta vision pour Kamea Labs dans 4 ans ?

André : Demain, tu pourras mettre ton argent dans ce que tu veux depuis Kamea Labs plutôt que dans un livret A. L’objectif est de devenir l’épargne augmentée pour les particuliers. Tu auras un compte où tu verras tous les investissements accessibles et ceux réalisés. Tu pourras domicilier ton salaire et directement investir grâce à un IBAN et une carte bleue.

Article rédigé par Charlotte Adam–Allais

Vous souhaitez en savoir plus sur l’offre Sharpstone Advisory, pour vous accompagner dans votre recherche de financement public ?

les articles similaires