Sharpstone

Onima : Défis technologiques et financement dans l'industrie Agro-Alimentaire

Nikola Stefanovic

Nikola Stefanovic

Co-fondateur – Onima

Juliette Muller Consultante

Juliette Muller

Consultante – SHARPSTONE

Agri/BioTech

2021

15-20

Onima valorise les levures de bière non utilisées en les transformant en ingrédients protéinés durables pour l’agroalimentaire, avec des avantages tels que la réduction de sel, l’amélioration de la texture et l’enrichissement nutritionnel.

Nikola évoque les défis technologiques rencontrés, notamment la difficulté à éliminer l’amertume des levures et la complexité de la stabilisation du produit final à différentes échelles. La startup travaille à améliorer les performances de son procédé tout en planifiant une montée en échelle jusqu’à 10 000 litres.

Onima a su s’entourer de partenaires référents dans l’écosystème tels que AgroParisTech, Genopole, et des incubateurs comme Agoranov et Vitagora.

Onima est accompagnée par Sharpstone pour ses besoins de financement. Nikola souligne l’importance d’avoir un consultant qui comprend leur technologie et qui peut gérer l’ensemble du processus de financement. Le non-dilutif permet à Onima d’accélérer la R&D, les recrutements, et a eu un impact positif sur la communication avec les investisseurs.

Nikola est le co-fondateur d’Onima, accompagnée par Sharpstone depuis 2022. La startup collecte les levures auprès des brasseries pour créer une protéine d’excellente qualité nutritive, durable pour la planète et accessible au plus grand nombre. A destination de l’industrie agro-alimentaire, elle permet de proposer des alternatives saines et économiquement viables aux protéines animales.

Juliette est biologiste et consultante chez Sharpstone conseil en financement de l’innovation et investisseur seed à destination des startups Tech/Deep Tech. Elle accompagne Nikola sur ses sujets de financement depuis septembre 2022, dès l’époque de Yeasty

Onima en quelques mots :

Nikola/Onima : Nous valorisons un coproduit de l’industrie brassicole : les levures. Nous les transformons en ingrédients protéinés, à destination des industriels de l’agroalimentaire pour les utiliser dans des barres protéinées, galettes végétariennes ou encore produits de panification. Les bénéfices sont multiples : réduire les quantités de sel, améliorer la texture ou encore enrichir nutritionnellement des pains pour les personnes âgées.

Juliette/Sharpstone : D’où le lien avec « Yeasty ». D’ailleurs, pourquoi avoir changé de nom ?

Nikola : Nous aimions beaucoup le nom Yeasty, qui nous a suivi pendant 3 ans. Malheureusement, il était difficile de le protéger à l’international. Yeasty est donc devenu Onima.

Pourquoi s’être lancé dans ce projet ? Quel était votre objectif en créant la société ?

Nikola : Je voulais déjà entreprendre quand j’étudiais à AgroParisTech. Passionné par les sciences de la vie, les maths et la physique, je me suis orienté en ingénierie des procédés industriels agroalimentaires. Au fil de projets étudiants, j’ai découvert que nous jetions énormément dans la chaîne alimentaire (30 % en moyenne du champ à l’assiette). Notamment, l’industrie brassicole, qui jette chaque année plus de 5 000 000 de tonnes de levures sèches, qui présentent pourtant des propriétés fonctionnelles et nutritives exceptionnelles grâce à sa richesse en protéines.

C’est alors que le projet est né : exploiter ce co-produit industriel pour en extraire des protéines plus durables et plus abordables. En effet, l’impact environnemental et social (lié à la faim dans le monde, la malnutrition et la dénutrition) est primordial pour mes associés et moi-même.

Dans cette optique, quelles ont été les difficultés technologiques majeures que vous avez rencontrées ?

Nikola : Notre principal enjeu a été d’éliminer l’amertume des levures. Le houblon utilisé pour brasser la bière libère des molécules amères, qui vont se lier très fortement à la surface des levures ; ce qui leur donne un goût très désagréable et les rend inconsommables sans traitement préalable de l’amertume. Ceux qui ont essayé de développer ce type de procédé par le passé, en vain, n’avaient pas les outils et les connaissances en biotechnologie d’aujourd’hui. Grâce à nos travaux de R&D, nous avons été en mesure de lever ce verrou à échelle laboratoire dans un premier temps.

Par ailleurs, est rapidement apparu notre second enjeu majeur : la montée en échelle de ce procédé. Nous sommes une start-up industrielle, nous avons donc pour objectif de transférer notre technologie du laboratoire à la production. A date, nous sommes parvenus à stabiliser notre produit sur de petites échelles ; l’enjeu à présent est de progressivement augmenter les volumes pour atteindre l’échelle préindustrielle. En parallèle, nous poursuivrons notre R&D afin d’optimiser notre procédé actuel et ainsi limiter les pertes de performances liées au transfert d’échelle. A la fin de l’année, nous ambitionnons d’atteindre une capacité de production de 10 000L, ce qui nous permettra notamment de livrer des échantillons de notre produit auprès d’industriels.

Juliette : D’ailleurs, pour le scale, vous avez opté pour une stratégie spécifique. Généralement, une startup industrielle va l’internaliser, avec la construction d’une usine pilote. Vous avez choisi d’externaliser. Quels sont les avantages ?

Nikola : Nous n’avons pas choisi d’internaliser en raison de la durée et du coût. Pour construire une usine pilote, il faut attendre 12 à 15 mois pour obtenir certains équipements. Cela aurait manqué de rentabilité et demandé de faire des choix de procédés trop tôt : quel type de séchage, de broyage, etc. Cependant, le pilote permet de former plus facilement les équipes car ils vont apprendre à connaître progressivement les machines. Nous avions la crainte de perdre cet avantage en choisissant la sous-traitance. Ce sont nos ingénieurs R&D et non des opérateurs de production qui ont développé dans un premier temps notre procédé. Nous avons donc fait le choix de négocier avec notre sous-traitant la présence de nos équipes sur site tout au long des travaux de montée en échelle pour assurer une continuité.

Vous avez été accompagnés par AgroParisTech, Genopole et plusieurs incubateurs tels qu’Agoranov, Vitagora, etc. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Nikola : AgroParisTech, notre partenaire depuis nos débuts, nous a apporté des infrastructures, des financements et des compétences, notamment via les programmes d’incubation du Food’InnLab et du Biotech’InnLab. Avec Mathieu, notre CTO, nous avons fait nos études d’ingénieurs à AgroParisTech, ce qui nous a permis d’y créer notre réseau de chercheurs avec de fortes expertises sur des domaines scientifiques clés dans notre activité.

Nous avons également participé au programme Shaker du Genopole, ce qui nous a permis de développer des compétences en entrepreneuriat. Ce programme d’accompagnement est très bien fait car il est adapté à des profils techniques, ingénieurs ou encore chercheurs. Les infrastructures du Genopole nous ont par ailleurs permis de créer notre POC à échelle laboratoire et de développer notre procédé.

Nous avons, ensuite, intégré le programme d’incubation ToasterLAB, lancé par Vitagora. Cela nous a apporté beaucoup de premiers prospects, grâce à leur large réseau, qui nous ont permis d’accélérer la première levée de fonds. Leur accompagnement entrepreneurial est par ailleurs très complet car il intègre plusieurs sujets comme l’industrialisation, la stratégie de commercialisation, etc.

Enfin, 21st by CentraleSupélec et Agoranov nous ont apporté des locaux, que nous occupons toujours, et beaucoup de workshops sur une multitudes de thématiques liées à l’entreprenariat.

Il n’est pas nécessaire de recourir à 3 cabinets différents et de réexpliquer notre technologie à chaque fois.
Nikola Stefanovic​
Onima

Quel était votre besoin au moment de votre rencontre avec Sharpstone ?

Nikola : Nous voulions commencer à échanger avec Bpifrance, via une demande de Bourse French Tech Emergence, mais j’étais très occupé avec la levée de fonds. Il nous fallait donc quelqu’un pour nous accompagner. Il y avait 2 objectifs dans notre démarche : gagner du temps et surtout augmenter nos chances de réussite. C’est pour cela que nous avons choisi de travailler avec vous. J’apporte plus de valeur à Onima en gérant la stratégie, les recrutements, etc. qu’en rédigeant moi-même les dossiers.

Juliette : Tu cherchais aussi quelqu’un qui puisse te soutenir sur le déploiement de la roadmap financière au-delà de la partie dilutive : identifier le financement non-dilutif adéquat en fonction du besoin et au bon moment.

Nikola : En effet, on peut facilement trouver des informations généralistes sur les dispositifs de financement mais sans en connaître les subtilités ou comment optimiser ses chances de réussite. Vous savez mettre en place une stratégie, l’exécuter et assurer tout le suivi. C’est important de souligner que vous le faîtes de A à Z.

Vous êtes complets sur tous ces sujets de financement. Il n’est pas nécessaire de recourir à 3 cabinets différents et de réexpliquer notre technologie à chaque fois. Juliette nous accompagne depuis le début, elle comprend notre solution et peut nous suggérer des financements auxquels nous n’aurions pas pensé.

Quelles étaient tes attentes vis-à-vis de Sharpstone ?

Nikola : Pour moi, ce sont les premiers contacts humains qui sont importants mais aussi le consultant et son expertise. Juliette a une fine connaissance en BioTech, ce qui permet d’aller plus vite. Au début, elle devait extraire dans ce que nous lui communiquions ce qui était intéressant ou non pour les dossiers de financement. Elle doit comprendre nos enjeux et assimiler une grande quantité de données.

Comme je le disais, vous êtes complets ; vous accompagnez sur les subventions, le bancaire, les dispositifs fiscaux, etc. Vous savez les articuler entre eux et en fonction de notre roadmap tech et business. Je vous recommande sans hésiter aux startups que je rencontre pour toutes ces raisons.

Juliette : Si tu prends du recul aujourd’hui par rapport à ce que nous avons déployé ensemble, est-ce qu’il y a des éléments qui t’ont surpris, des produits auxquels tu n’aurais même pas pensé ?

Nikola : Nous avons activé plus de financements que ce que nous pensions ! Nous avons obtenu ensemble auprès de Bpifrance, la BFTE (90k€) et une avance remboursable R&D (500k€), ainsi que le statut Jeune Entreprise Innovante et un premier crédit impôt recherche. De notre côté nous avons en plus obtenu des Obligations Convertibles French Tech Seed (500k€) et un prêt bancaire pour du matériel. A partir d’une levée de fonds de 916k€ en 2022, nous avons finalement décroché 2,5M€ en tout grâce aux financements deeptech et aux dispositifs fiscaux.

Juliette : Initialement, nous avions aussi candidaté à i-Lab en février 2023, ce qui nous a conduit à valider l’oral mais pas la dernière étape. Nous avons cependant pu reprendre en partie le travail fait sur le dossier pour demander un prêt R&D de 400k€ auprès de Bpifrance, qui est finalement devenu une avance remboursable R&D de 500k€. C’est justement un des avantages du fait de travailler ensemble sur tous les dispositifs.

Je me souviens que lors de notre première rencontre, tu nous avais par ailleurs parlé de plusieurs concours et subventions, notamment Leader PIA 4, i-Lab et i-Nov. C’est aussi notre rôle de cadrer les choses et d’identifier les meilleures opportunités, pour planifier à travers une roadmap l’ensemble des financements à activer. Notre objectif étant de concentrer l’effort au bon moment pour le bon besoin, en fonction de la stratégie R&D, financière et business, afin de garantir toutes les chances de réussite.

Aujourd'hui, cela nous permet d'être dans une situation confortable avec un runway qui est surtout plus long.
Nikola Stefanovic​
Onima

Comment ces financements ont impacté le développement de ta solution ?

Nikola : Cela nous a principalement permis d’accélérer les recrutements et les travaux de R&D, et par conséquent le dépôt du brevet. Aujourd’hui, cela nous permet d’être dans une situation confortable avec un runway qui est surtout plus long.

Je le redis mais je suis impressionné par tous les financements que nous avons obtenus. En un an et demi, nous avons réussi à avoir toutes les typologies de financement (Obligations convertibles, avances remboursables, subventions, prêt, dispositifs fiscaux, etc.)

Si j'avais de l'argent à investir, j'investirais chez vous !
Nikola Stefanovic​
Onima

Juliette : Et justement, en dehors de l’aspect financier, quel est l’impact global de tous ces financements sur Onima ?

Nikola : C’est comme un label. La communication auprès des investisseurs est plus facile. Cela montre un fort soutien de la part des institutions publiques mais aussi une bonne gestion financière au sein de l’entreprise. En fait, ce n’est pas seulement une question de montant mais aussi de comment nous l’avons géré.

Il y a aussi le fait que cela nous permet de ne pas être en levée de fonds systématiquement ; ce qui est plutôt bien vu auprès des VC. Cela montre que l’équipe avance sur le développement de la solution et sait allouer correctement les dépenses, ce qui est possible en étant bien accompagné sur le financement non-dilutif.

Que t’a apporté l’expérience Sharpstone Advisory & Capital ?

Nikola : Le fait que Sharpstone Capital ait investi dans Onima apporte avant tout de la confiance. C’est important pour un entrepreneur de s’entourer de personnes plus expertes que lui. Vous aviez déjà fait une BFTE avec nous avant d’investir. Vous comprenez la technique et suivez nos chiffres en “temps réel” au fil des financements. C’est un gage de qualité quand vous investissez dans une startup car vous avez une excellente connaissance du projet et de l’équipe en amont. Si j’avais de l’argent à investir, j’investirais chez vous !

Cela renforce d’autant plus notre lien. Nous sommes partenaires dans cette aventure. Nous sommes associés au-delà de travailler ensemble comme un prestataire.

Juliette : Cela rejoint le modèle vertueux de Sharpstone. Nous croyons dans le projet, donc nous vous accompagnons tout du long, et faisons tout pour que ça “marche”. Après le retour i-Lab par exemple, nous avons de suite réagi pour envisager un autre financement qui répondait à votre besoin.

Cette démarche nous oblige parfois à faire de l’”anti-vente” sur certains dispositifs, car ils ne correspondent pas au projet, à la maturité technologique, aux besoins à faire financer, etc. Ce serait donc une perte de temps et de productivité d’y consacrer un effort, là où d’autres solutions auraient bien plus d’impact. En effet, notre objectif n’est pas de tout activer en espérant que quelque chose prenne ; nous avons nous-même tout intérêt à bien vous conseiller, car nous grandissons ensemble.

Nikola : De plus, le fait de ne pas avoir de fixe mais d’être au succès pour Sharpstone Advisory est aussi intéressant. Vous croyez dans le projet et êtes certains d’obtenir des financements si vous vous lancez avec nous. C’est aussi cela l’expérience Sharpstone. Comme je le disais, un gage de qualité qui nous rassure lorsque vous nous accompagnez tout au long de l’aventure entrepreneuriale.

Article rédigé par Charlotte Adam–Allais

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