Pourtant, elles sont bel et bien présentes dans le domaine de la recherche. Certaines figures pionnières se démarquent, telles que Fei-Fei Li, une chercheuse en intelligence artificielle ayant joué un rôle clé dans le développement des technologies de vision par ordinateur, ou encore Joy Buolamwini, qui a produit des travaux d’envergure sur la détection et la correction des biais dans les systèmes d’intelligence artificielle. On peut également mentionner Jennifer Doudna, lauréate du prix Nobel pour son travail révolutionnaire sur l’édition du génome CRISPR-Cas9.
Cependant, ces exemples restent des exceptions. Bien que de plus en plus de femmes se lancent dans l’entrepreneuriat, elles créent principalement des startups dans des domaines tels que l’éducation, le care, les médias ou encore la mode.
Mais qu’est-ce qu’une startup Deeptech ? Bpifrance établit une définition basée sur quatre critères : la startup doit émaner d’un laboratoire de recherche et/ou être étroitement liée à une équipe ou une gouvernance issue du milieu scientifique ; le projet doit présenter des barrières à l’entrée, sous forme de verrous technologiques difficiles à lever ; le projet doit offrir un avantage nettement distinctif par rapport à la concurrence ; enfin, le processus d’introduction sur le marché doit être complexe et étendu.
Dans ce contexte, comment expliquer la faible représentation féminine à la tête de startups Deeptech ? Cette question est d’autant plus pertinente que la Deeptech revêt une importance majeure, tant stratégique qu’économique. Le plan Deeptech lancé par Bpifrance en est une illustration, avec une dotation de 3 milliards d’euros visant à faire de la France une nation Deeptech d’ici 2025.
Par conséquent, quelles initiatives sont mises en place pour encourager et soutenir les femmes souhaitant s’engager dans ce secteur ?
Cet article ne prétend pas à l’exhaustivité, mais vise à offrir une vue d’ensemble de l’écosystème spécifique de la Deeptech et à comprendre pourquoi les femmes sont encore sous-représentées dans ce domaine.
Après avoir présenté quelques statistiques en introduction, explorons les raisons derrière ce taux de 2%.
Sans surprise, ce phénomène s’explique en partie par des facteurs sociologiques. Leur éducation, le monde publicitaire et les stéréotypes véhiculés dans la société dissuadent leurs petites filles à s’intéresser au monde scientifique. Ce phénomène se poursuit tout au long de leur étude, allant même jusqu’à remettre en cause leur légitimité et leurs capacités à travailler dans les métiers tech / scientifique.
Ainsi, les femmes se dirigent plus fréquemment vers des écoles de commerce, au détriment des écoles d’ingénieurs. Les effectifs sont équilibrés avec 50% de femmes dans les écoles de commerce, mais elles ne représentent que 21% dans les écoles d’ingénieurs. Ce déséquilibre se reflète ensuite au moment de la création des équipes dirigeantes des startups. Les équipes se constituent notamment via le networking des écoles.
Ainsi, parmi les 40 entreprises les plus importantes de l’écosystème (Next40), seuls 9% des postes au sein du noyau exécutif sont occupés par des femmes.
Au-delà des raisons internes aux startups, ces déséquilibres se retrouvent aussi au sein de l’écosystème. On parle de toxicité de l’écosystème. Encore trop peu de femmes occupent des postes à responsabilité dans les structures de l’écosystème (Incubateurs, SATT, fonds, …). Par exemple, seulement 10% des Business Angels sont des femmes. Parmi le Top 10 Business Angels les plus actifs en 2022-2023, une seule femme figure, Chantal Baudron. Bien que les Business Angels masculins soient encouragés à investir dans des projets portés par des hommes, les biais cognitifs tendent à favoriser inconsciemment les équipes masculines.